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Chocho (Paris, 10e arr.) : un concept très mal ficelé

Situé dans la très dynamique rue Paradis, le restaurant Chocho, créé par le chef Thomas Chisholm, remplit tous les codes de l’auberge contemporaine, avec ses grandes tables, son beau néon et sa cuisine ouverte. Mais, problème, dans l’assiette, le joli concept ne tient pas la route.

Une chouette déco, un service sympathique, un grand néon qui annonce la couleur d’une adresse branchée, des tables individuelles et d’autres, imposantes, où l’on accepte de partager sa pitance, une jolie carte des vins pour ceux qui boivent « nature » et une simple feuille volante sur laquelle sont indiquées 11 propositions, incluant fromage et desserts, ainsi que deux menus, dont un végétal. Une offre resserrée – un peu trop d’ailleurs -, signe d’une cuisine « cuisinée », bien faite. Néon rouge et signaux au vert pour attaquer le repas. 

Sauf que, dès les premières assiettes sur la table, la machine dérape et le concept se grippe. Puisqu’il est imposé à la table de prendre à la carte ou le même menu pour tout le monde, le choix a été fait de partir sur une sélection de plats « à la carte ». « Ici, le concept repose sur le partage des assiettes » nous explique-t-on. Pourquoi pas, désormais, picorer c’est tendance, même si, au final, le mangeur repart souvent le ventre vide et le porte-monnaie très allégé. Bingo avec la première assiette dans laquelle trois langoustines ridiculement petites (24€) ne font pas même office d’amuse-bouche. Heureusement, les gnocchis de pain grillé (14€) sauvent l’honneur. Quant au tronçon de « grondin rôti » (24€), s’il est plutôt réussi, le plat se révèle difficile à partager, car servi dans un contenant étroit et inadapté. Impossible ou presque d’être « équitable » dans le service de ce poisson qui n’a jamais été pensé pour être partagé. Quant à la « côte de cochon ibérique » (37€), servie sans le moindre accompagnement, sa taille lilliputienne force plus à la rigolade qu’autre chose. Si la viande se révèle parfaitement cuite, le lit de baies roses qui recouvre la viande emporte tout sur son passage. C’est finalement le fromage (16€) – brut, servi dans son plus simple élément, et tant mieux ! – qui s’en sort le mieux. Quand on en arrive à ce constat-là, il est facile de comprendre que le reste n’était vraiment pas à la hauteur. 

Côte de cochon ibérique

Cher, portions ridicules, goûts non maitrisés : Chocho déçoit. Et, pour couronner le tout, 23 heures tapantes, tout le monde dehors, addition posée prestement sur la table, la machine à carte bleue dans la main. Et que ça saute. Comme si les clients étaient en trop. Chocho : anti-auberge au concept bancal. 

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Pratique | 54 rue de Paradis, Paris 10e arr. Site Internet de Chocho
Photographies | FPR

Enquête

Gastronomie : la France est-elle vraiment distancée par le reste du monde ?

Gastronomie : la France est-elle vraiment distancée par le reste du monde ? Volet 3 : le changement de statut de la gastronomie 

Après avoir étudié les « thermomètres » qui mesurent l’influence et la reconnaissance des scènes culinaires nationales (volet 1), et expliqué comment le mythe gastronomique français s’est effondré (volet 2), Bouillant(e)s se penche sur l’évolution du statut de la gastronomie. D’une simple activité domestique, et « primaire », la cuisine n’a cessé de voir son statut évoluer, se complexifier, jusqu’à devenir un enjeu économique et politique aux conséquences mondiales.

Gastronomie : la France est-elle vraiment distancée par le reste du monde ? Volet 2 : le mythe gastronomique national effondré

Si les différents « thermomètres », étudiés dans le premier volet de cette enquête, montrent que la France continue de tenir la dragée haute sur la scène culinaire mondiale, la réalité quotidienne démontre en revanche un écart phénoménal entre le mythe gastronomique national, fruit de notre histoire, et nos pratiques alimentaires. Plus étonnant encore, il faut se poser la question de savoir si ce ne sont pas les chefs eux-mêmes qui ont cassé le mythe gastronomique et ouvert la porte à une situation qui prend plus que jamais un virage politique.

Gastronomie : la France est-elle vraiment distancée par le reste du monde ? Volet 1 : le point de vue des guides, concours et classements

Le 12 avril dernier, le gouvernement publiait un document stratégique dans lequel deux ministres s’engageaient à défendre la gastronomie française face à une concurrence mondiale qui serait de plus en plus forte. Sur le papier, l’idée semble séduisante. Mais est-ce vraiment justifié, utile et pertinent ? Enquête en trois volets sur le bien-fondé de la stratégie gouvernementale. Premier épisode : « Guides et classements : quels discours, quels résultats ? »

Concept et projet by Tablées+

Tablées+

Écosystème vivant, complexe, se transformant au rythme des évolutions sociétales et culinaires, le restaurant ne cesse de changer dans sa forme, ses usages, son périmètre. En 80 mots, Bouillant(e)s dresse un portrait qui se rêve exhaustif du restaurant d’aujourd’hui, avec amusement, réflexion, analyse, culture et impertinence.

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