Gérard Bertrand, meilleur vigneron du monde : quand le Figaro s’égare

Le journal Le Figaro s'est-il gravement perdu en écrivant que Gérard Bertrand était le "meilleur vigneron du monde" ?

Cela aurait pu être une blague, assez drôle au demeurant. Gérard Bertrand, meilleur vigneron du monde, on se gausse, on se dit que le titre fait dans la provocation. Pas très Figaro sur le papier, mais on se dit que tout est possible dans la presse de nos jours. Le JDD a bien viré vers la droite extrême, pourquoi le Fig’ ne verserait pas du côté de la prose satyrique, tendance Charlie Hebdo ?  

Sauf que, manifestement, il n’y a ici nul humour, nul second degré. Ce titre est à lire au premier degré. Un petit degré suffisant pour être ivre de malheur. Comment peut-on se permettre un tel titre quand on connait la qualité des vins du bonhomme et de ses domaines ? Un souvenir de dégustation 100% Gérard Bertrand me remonte alors, où nous avions goûté une dizaine de vins issus de cépages blancs différents. En bouche… tous avaient exactement la même trame, le même goût, la même tension : des breuvages morts, alors même que les étiquettes vantaient le bio et la biodynamie. Il n’y avait nul défaut dans ces vins, mais nulle qualité, nulle expression non plus. Des vins du « meilleur vigneron du monde » ? Impossible. 

Comment un média, qui dispose d’un joli panel de journalistes spécialisés dans la picole, peut-il proclamer ceci ? Certes, Gérard Bertrand peut se prévaloir d’une tripotée de prix en tout genre de reconnaissances multiples pour pouvoir prétendre à un tel titre. Un titre… soufflé ? Ne faut-il pas y voir tout simplement les conséquences (désastreuses) de la mainmise grandissante du « commercial » sur l’éditorial ? Achat d’espace publicitaire contre espace éditorial qui caresse dans le sens du bouchon ? Reste le positif d’un tel titre : d’une part, cela nous oblige à repenser l’intérêt et la véracité des labels dans le monde du vin (Gérard Bertrand est « le leader mondial du bio et de la biodynamie » selon Le Figaro), d’autre part cela nous oblige à (re)penser l’éthique du journalisme français et des liens de plus en plus étroits entre le service commercial et l’éditorial.


Pratique | Lien vers le site de Gérard Bertrand

Photographie | Alex Shuper

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Portrait d’un chef résilient, qui a tout connu, de l’étoile Michelin à… quatre AVC, une vie abîmée mais une envie folle d’avancer et de montrer que le handicap, ce n’est pas la fin des haricots

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